Emmanuelle DE ROSA

L’accumulation d’yeux dormeurs de poupées résulte d’une double volonté : renverser les codes et créer une interaction avec le spectateur. Avec les yeux, le tableau vous regarde, tout comme vous l’observez. Puis il faut s’affranchir des règles et toucher l’œuvre pour faire se fermer les yeux. Les cabinets de curiosités réunissent tout ce que compte l’univers : le minéral, le végétal, l’animal, l’art, les sciences, les fables, etc., comme des miscellanées. M’inspirer de leur esthétique et de leur philosophie permet de recréer des chimères qui confrontent l’homme à ses propres travers. Avec les détournements de crucifix, il s’agit d’interroger ce qui reste de spiritualité, au sens littéraire du terme, dans la société contemporaine. Le remplacement, dans l’imaginaire collectif, des icônes religieuses d’antan par une culture axée sur la consommation a créé une société du jetable. Et la prolifération d’objets de culte mis au rebut devient une formidable substance de travail.